« Jungle Rumble 24 hours a day ». Sur la façade rouge du bâtiment, accroché juste sous les tuiles du toit aux extrémités recourbées comme tous les immeubles du début du siècle dernier, l’immense néon clignotait de rouge, de jaune et de vert. Un lion gigantesque et rugissant frappait de manière syncopée la gueule affreuse d’un crocodile géant, tandis qu’un buffle gémissait sous les anneaux étouffants d’un boa constrictor.
Bien sur il y avait des combats de ce genre au Jungle mais pas en semaine et pas en début de soirée pour sur. La bonne heure pour les vrais combats spectaculaires c’était plutôt 23 heures.
Bien sur il y avait des combats de ce genre au Jungle mais pas en semaine et pas en début de soirée pour sur. La bonne heure pour les vrais combats spectaculaires c’était plutôt 23 heures.
J’ai payé l’entrée et en ai profité pour me balader un peu dans le « Palais »… l’autre nom du Jungle. C’était un endroit vraiment étrange… l’architecture déjà… un vieil immeuble des années 1880, avec des poutres en bois comme structure et des pièces immenses à peine éclairées par de grandes fenêtres à petits carreaux de couleurs. Des parquets craquants sous les pieds et des escaliers majestueux pour rejoindre les étages supérieurs. Des canapés de bois couverts de coussins de soie et un bar en acajou de vingt mètres de long sous un lustre de bronze et de cristal mêlés représentant une pieuvre des hauts fonds.
La grande arène au rez-de-chaussée avait été creusée dans l’ancienne salle de bal dont on avait conservé le plafond peint par Hokusai. Les rangées de sièges de velours rouges placé en cercle et les dorures excessives des pilastres et des colonnes donnaient au Jungle un air d’autrefois.
Aux étages, dans de petits salons, on pouvait assister à des combats qui attiraient les vrais connaisseurs et dans quelques boudoirs on pouvait soi même conduire à la mort une grande variété d’animaux. C’est là que j’ai retrouvé Paritoshan.
Il se tenait assis devant un aquarium à la surface duquel nageait désespérément une souris blanche. Au fond, dans la sarabande des algues visqueuses, trois gros poissons ovales et gris suivaient de concert la course du rongeur.
Paritoshan m’invita à admirer le spectacle en m’invitant du doigt à ne pas troubler le silence.
L’un des poissons fonça à la surface et vint rapidement mordre la patte de la pauvre souris avant de replonger dans les profondeurs de son royaume. Un second s’élança à son tour et attrapa la cuisse de la bestiole puis gesticula pour arracher une part de chaire.
- Des dents comme de véritables rasoirs ma chère.
- Des dents comme de véritables rasoirs ma chère.
Le troisième chargea à son tour et attira le rongeur quelques instant sous l’eau. Une caverne rouge était creusée dans la fourrure blanche de l’animal. Son sang s’effilochait dans l’eau grasse de l’aquarium mais elle ne perdait pas l’espoir d’un échappatoire. Nageant de toutes ses forces elle cherchait un récif ou une rive… les trois poissons attaquèrent ensemble dans une frénésie de mouvements et la petite créature blanche fut littéralement déchiquetée sous nos yeux.
Photo François.Kenesi
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